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VolvoLÅND

1 septembre 2007

LA FAMILLE et LE MODELE SUEDOIS : 2 volvo en 1

Les rapports familiaux ne sont pas des plus chaleureux qui soient… Les suédois ont du être traumatisés par les films de Bergman et depuis ont peur de leur famille. Enfin quand même ! Quand je rends visite à ma tante éloignée russe, elle vient me chercher à la gare de Saint-Pétersbourg, m’héberge, m’invite partout, au concert, au théâtre, au resto, m’offre 10 CD non piratés puis me file 300 euros pour que « je ne meure pas de faim » (du coup je ne meure pas de soif non plus). Ici, à mon arrivée, ma tante du second degré côté suédois était bien là…mais pas longtemps. « Voila les clés, l’adresse, là t as le métro, si t’as un souci, appelle ! » Ok, merci… J’ai dîné tout seul le premier soir et finalement ce fut elle qui m’appela deux jours plus tard pour m’inviter à manger des écrevisses chez elle…dans deux semaines !! Pour le bac de philo, j’avais lu que « la forme, c’est le fond rendu visible », et que donc la langue d’une nation est révélatrice de sa mentalité. En français, on a le frère et le cousin. En russe, il n’y a pas de mot désignant le cousin, le cousin de premier ou second degré est un « frère ». En Suède, dès le second degré, le « cousin » n’est plus tout à fait un « cousin ». Je pense que çà en dit beaucoup sur la conception de la famille dans ces trois pays. Bon, j’ai aussi de la famille très sympa et chaleureuse en Suède, il ne faut pas généraliser. Ca me fait plaisir de les voir et réciproquement. Mais généralement et à quelques exception près, disons que leur amour n’est pas super démonstratif. En Russie par exemple, les gens sont aussi agressifs avec les inconnus qu’ils sont chaleureux avec ceux qui font parti de leur premier cercle, et il est relativement simple de pénétrer ces cercles. En Suède, les gens sont plus polis et aimables dans la rue, mais moins affectueux envers leurs proches. Il faut croire qu’ils sont tellement gentils dans la rue qu’il ne leur reste plus assez d’affection pour leurs proches. Individualistes les suédois ? Alors même que leur fameux modèle est un des systèmes les plus redistributifs au monde avec une des plus hautes taxations sur le revenu ? Non, en fait, le qualificatif qui convient le mieux est « impersonnel ». L’Etat est si efficace qu’il réalise tous les besoins de solidarité, traditionnellement pris en charge par la famille ou les amis en Méditerranée par exemple. C’est très bien, c’est plus égalitaire, pas (moins) d’exclus du système. Mais drôlement impersonnel quand même. Un ami me racontait que les parents de son meilleur pote avaient tout simplement refusé de subvenir à ses besoins une fois rentré à l’université (papa, tu peux sauter ce passage, c’est mauvais pour toi de lire çà !). Le brave fils a réalisé un emprunt à taux avantageux (disponibles pour tous les étudiants indifféremment de leur origine sociale), s’est trouvé un job étudiant et est devenu tout à fait autonome à 19 ans.

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26 août 2007

LA TELE dans la volvo

A la télé publique, pas de pub. Par contre, pleins de séries télé américaines et surtout britanniques. Pire que de la pub quoi. Je plaisante, les programmes sont pas cons, moins abrutissants que TF1, et les émissions « sérieuses » sur la mondialisation ou autres sont pensées « grand public ». Bref, ici la télé est pédagogique. Les news sont palpitantes : le journal de 13h de Pernaud, à côté, c’est Arte ! Une blague suédoise : « Au journal télévisé : bonjour, un corps a été retrouvé dans un sac poubelle jeté dans la Baltique. La police soupçonne un meurtre. » On y apprend que les habitants de Stockholm en ont assez des nuisances sonores de leurs voisins et qu’il faut faire quelque chose. Et bien dis donc, elles doivent avoir l’oreille vachement fine les mémés suédoises ! Pleins de reportages sur la dégradation de l’environnement. A force de sauver la planète, ils n’auront plus le temps de sauver leur famille. Ce qui est frappant, c’est qu’après l’omniprésence de V. Poutine et de N. Sarkozy sur leurs télés nationales, et bien ici, Reinfeldt, le nouveau premier ministre suédois, est quasiment invisible. En trois semaines de suivi de l’actualité, je n’ai vu aucun reportage le mettant en scène et une seule photographie. A part çà, les suédois ont l’air obsédés par la Russie. Pleins de sujets d’actualités, de reportages, documentaires, d’articles sur le « grand voisin»…qui leur fait un peu peur en fait. Dans une comédie suédoise, un certain Boris tenait le rôle du méchant. Mais à la fin du film, on y apprend qu’en fait Boris s’appelle Sven Svensson et se fait passer pour un russe parce que « les russes font toujours flipper les suédois ! »

 

Ceci dit, je suis fan des comédies suédoises. Le scénario est à peu de choses près identique à chaque fois : dans un trou paumé quelque part en Suède, des suédois et un émigré libanais (toujours le même d’ailleurs) aux destins un peu minables tentent tant bien que mal de vivre leur rêve, mais reviennent assez vite à leur réalité. A mourir de rire !

25 août 2007

FETE : la volvo ne peut plus rouler

Oula, moi mal à la tête avoir. Je ne comprends pas : quand j’étais en Russie, on me disait « Sasha, bienvenue à Moscou, il faut boire en l’honneur de ton arrivée ! ». Sympa mais fatiguant au bout de deux ans. Moi qui espérais soulager mon foie en m’exilant à l’ouest, c’est raté. Je débarque en Suède, et les potes de mon cousin, genre handballeurs 1m95 me font : « Alexander, t’as passé deux années en Russie ? Viens nous montrer un peu comment on boit là bas, on va voir si t’es à la hauteur ! ». Bien sur, dans les deux cas, pas question de se défiler, question d’honneur…

Je viens donc de rencontrer de quatre jours de fiesta dans le « midi » de la Suède, au Småland, près de Scanie, là où les gens parlent bizarrement, un espèce de suédois avec l’accent danois.

Bon, les suédois sont des vikings, un peuple du nord, ils boivent beaucoup et tiennent bien l’alcool. Mais le truc, c’est que ce sont des alcooliques complexés. Alors que les russes eux sont des alcoolos qui en sont fiers ! En Suède, si la consommation d’alcool est interdite aux moins de 18 ans, sa vente est en revanche interdite aux moins de 21 ans. Allez comprendre. Si sous les coups de 18h, le samedi soir, vous décidez d’aller acheter quelques bouteilles de pinard, c’est cause perdue ! La vente d’alcool est un monopole de l’Etat suédois, le fameux « System Bolaget ». Celui-ci ferme à 18h en semaine, 15h le samedi, et n’ouvre même pas le dimanche ! A l’intérieur, tout est fait pour que vous vous sentiez comme un alcoolique anonyme. Le magasin est immense, on vous rappelle que l’alcool est mauvais pour la santé, bref vous culpabilisez… Enfin visiblement ils ne culpabilisent pas longtemps ici. Parce qu’un suédois sobre ou bourré, c’est le jour et la nuit ! Fini la timidité, quand les suédois boivent, ils sont aussi efficaces que lorsqu’ils bossent. Disons qu’ils boivent pour boire, et le font bien ! En une heure tout le monde est par terre. Puis pendant la semaine au boulot, il s’indigneront qu’on puisse boire un peu de pinard au déjeuner dans les sociétés françaises…

En vérité, je crois que leur manière de boire est très révélatrice de la société suédoise.

D’abord ils sont efficaces, quand ils boivent, ils boivent, on l’aura compris !

Ensuite, ils boivent d’une manière très individualiste. Chacun pour soi. Chacun amène son alcool à la soirée, avec de temps en temps son nom inscrit sur chaque cannette de bière. En fait, on ne boit que les bouteilles que l’on a apportées, pas question de partager. Imaginez vous, on n’en aurait pas pour son argent !! Du coup, les repas sont cocasses : chacun pose sa bouteille de vin ou bière ou vodka devant lui, et demande la permission à son voisin pour boire la sienne. « Excuse moi, tu pourrais me passais un peu de ton vin, merci beaucoup , c’est trop gentil de ta part ! » Au début, je n’avais pas compris le système, alors je prenais les bouteilles de tout le monde, puis j’ai senti comme un malaise, et mon cousin m’a expliqué la logique du truc. « Tu comprends l’alcool est trop cher… » OK… Chacun boit dans son coin, on ne porte pas de toast, on mélange les alcools. C’est surtout les filles qui m’ont impressionné, elles boivent beaucoup plus que les françaises ou russes. Tellement élégant… Heureusement qu’elles sont belles pour compenser. Bref, même quand on fait la fête, on se sent un peu seul.

Troisièmement, les suédois sont obsédés par l’organisation. Si il y a quelques siècles, organiser leurs expéditions jusque dans les moindres détails leur a permis de conquérir l’Europe, et bien leurs descendants ont bien pris le relais : on organise les soirées au quart d’heure près. La beuverie a remplacé le pillage mais en fait l’esprit demeure. Ainsi, un peu avant la grosse soirée de samedi soir marquant la fête des écrevisses, la maîtresse de maison rassembla 4 de ses copines pour établir ensemble le planning de la soirée : à 19h, un spectacle. Puis 19h15 on commence à manger. 19h30 on boit. 20h un nouveau spectacle. 20h30 on remange et reboit…et ainsi de suite jusqu’à 2H du mat. Sauf que mon cousin et ses potes ont mélangé l’Absolut avec le planning, qui est resté inachevé, tout le monde étant à terre dès 23h !

Enfin, ici dans le nord on se sent proches de la nature. Si proche que bourré, on adore revenir à cet état de nature justement, et finir les soirées en se déshabillant tous et se baignant à poil dans un lac. C’est plus pratique.

 

 

21 août 2007

ARRIVEE: la 1°Volvo est blanche

Il était une fois…la Suède. Un pays tout droit tiré d’un conte de fées. Stockholm est son château : un archipel de rues rouges, oranges, jaunes, vertes…jusqu’au bleu de la Baltique.

 

Il y a à peu près un an et demi, dans la 3° classe du train de nuit Saint-Pétersbourg/Moscou, un russe rencontré là par hasard m’offrit une bière, à une condition : que je lui livre mes impressions sur la Russie. Un peu pris au dépourvu, je lui raconte quelques unes de mes aventures lorsque avec cette absence de tact et de politesse typiquement russe, il me coupa tout net : « tu m’endors avec tes histoires à deux balles. Tu vois, tu dois pouvoir résumer l’essentiel de ce que tu penses d’un pays en décrivant ce que tu vois lors de ton trajet quotidien entre chez toi et le métro. »

 

Vérifions si la méthode marche aussi en Suède. (J’attends vos bières). Qu’y a –t-il donc d’intéressant sur cette Roselundsgatan qui m’emmène jusqu au métro ? Les rues sont propres, les bus nickels, pas de klaxons intempestifs. Pleins de grosses bagnoles : au moins la moitié sont des familiales, genre break saab ou volvo (nostalgie…). Une certaine diversité culturelle : çà parle turc, arabe, yougoslave, espagnol et le reste je ne reconnais pas. Que les passants soient ouvriers du bâtiment, serveurs ou cadres, on a le sentiment qu’ils font parti de la même grande classe moyenne. Ils prennent leur café dans les mêmes bars, ont à peu près les mêmes habits. Direction le métro : pas de décoration superflue, tout est en ordre, propre, pas spécialement beau, mais propre et çà marche. On peut même acheter son ticket par sms, puis on montre son téléphone au poinçonneur ! Je vous rassure, ils ne poinçonnent pas le téléphone. En tout cas pas les Ericsson. Une femme d’une cinquantaine d’années arbore un grand sourire en attendant le métro. Heureuse de poiroter ou sous prozac, mystère … Tous les jeunes sont à la mode. Mais c’est à peu de chose près la même mode pour tout le monde, çà varie de l’H&M basique au H&M chic. Surtout (presque) personne n’est à contre courant. Pleins de belles filles aussi (surtout)… Affolantes ces blondes toutes bronzées revenant de vacances en minijupes…Bon, j’ai dit pas de clichés. Car il y a des brunes aussi !! Bref à part pour les filles, l’impression qui domine c’est le calme… No stress… Pas de cris. Les rues sont silencieuses. L’air est pur, les gens ont l’air sportifs, les poinçonneurs du métro me sourient sans non plus en faire des tonnes à l’américaine. J’ai même vu une cabine téléphonique sur laquelle quelqu’un avait tagué un « passe une bonne journée ! » Cà devait être un adolescent en crise, hors système et à la recherche d’une cause révolutionnaire.

 

Mais tout de même, de temps en temps, qu’est ce qu’ils me cassent les couilles ces suédois !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Heureusement, les yougoslaves et les irakiens mettent un peu d’ambiance. Parce que le paradis, c’est tranquille, mais qu’est ce qu’est ce qu’on se fait chier ! C’est vrai, le calme est appréciable : cool, no stress… Stockholm est la Jamaïque sans l’herbe. Cette absence de stress est même contagieuse, je finis par devenir moi même cool, calme, léger, ouvert, tranquille quoi.

Sauf que je m’emmerde un peu. Les jeunes ont beau être branchés, les filles belles, pas moyen de les approcher sans leur faire peur ! Ca doit être mon côté russe. Soit elles sont trop jeunes, soit je tombe sur un mur de silence. Tiens, ce groupe qui jouait à la Pétanque sur la Mariatorget, à 2 min de chez moi.

« Vous êtes français » m’empressais je de demander ?

« Non.

« Ah. Moi oui, c’est pour çà que de la pétanque en suède çà m’interpelle.

« Vous devez bien jouer alors.

« Oh, pas tant que çà.

« Tant pis – (au revoir en vo)

 

Voila. C’était un de mes échanges les plus approfondis du moment…

Il faut croire que les gens sont tellement heureux (Médaille d’argent au palmarès du bonheur après les cousins danois) qu’ils n’ont pas besoin d’aller voir dehors ce qui s’y passe.

 

Bon, le tableau est un peu froid. Lorsqu’on connaît déjà des gens, ils peuvent être adorables, marrants, on joue au billard, sort en boîte, ça va on s’amuse. Mais pour s’intégrer à un groupe déjà construit, c’est la Baltique à boire.

 

Si, une fois, j’ai eu une conversation sympa à un café avec des suédois qui se sont en fait révélés être… serbes ! Comme quoi. Fort de mon expérience de milieu droit de la sélection nationale de Serbie lors des championnats de ma fac moscovite, je m’empresse de leur sortir un « Aïde, dobre, kak o ce ?! » Ca leur a drôlement plu, ils étaient tout excités ! Enfin quelques cris. J’ai profité de l’euphorie pour demander à la jeune fille plutôt mignonne et serveuse dans le bar si elle voulait prendre un verre après le boulot. Et à ce moment, la gamine qui était à côté se tourne vers elle en lui demandant : « maman, quand est ce que papa arrive ? » Moi, je ne veux pas de soucis avec la mafia yougoslave, je me casse !

 

J’ai aussi rencontré un marseillais et deux suédois qui avaient grandi dans le midi. De la France j’entends bien, je ne parle pas de ce que les suédois osent appeler le « sud » de la Suède, genre Malmö et compagnie. Ces marseillais n’arrivaient justement pas à comprendre comment même en Suède il pouvait il y a avoir un « Nord ». Je m’explique : si un habitant de Stockholm dit « vous savez, si vous allez au nord… », on en casse sa boussole peuchère ! Car Stockholm, à la base, c’est déjà censé être le Nord absolu. Il y aurait donc un nord du nord ?! « Mais Marius, c’est de la folie! »

 

Un dernier mot pour dire que les choses changent. Une fois installé dans mon appart, je suis allé faire un tour de mon quartier, l’île de Södermalm, quartier latin à la suédoise attirant tous les jeunes à la mode et un peu alternatifs, genre designers, photographes et stylistes look metrosexuel à la Soho. Alors que je dégustais tranquillement mon premier kebab « made in sverige », une dizaine de « suédo-irakiens » ont débarqué dans le resto avec des drapeaux irakiens en criant « Irak, Irak !! » Dans la rue se tenaient une centaine de leurs potes avec les mêmes drapeaux et hurlant de joie ! Je me suis dit que la Suède avait drôlement changée depuis mon dernier passage. Il s’agissait en fait de la communauté irakienne de toute la Suède (la Suède est un des pays ayant accueilli le plus de réfugiés irakiens qui fêtaient la victoire de l’équipe d’Irak à la coupe d’Asie de football. Dans le ciel flottaient ensemble des drapeaux irakiens et suédois.

 

Ce week end, je pars dans le Småland,

600 km

de Stockholm, pour 3 jours de fêtes dans la maison de campagne d’un pote de mon cousin suédois. On peut s’attendre à un contest « suédo/russe » sur l'Aquavit...

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